Aujourd’hui, je vais vous parler de l’organisation d’un webtoon de 6 épisodes, issu d’une collaboration entre 20 créateurs, organisé par Kiri et Jellexia (je vous mets toutes les infos sur les copains en fin d’article). J’ai eu la chance de participer à cet incroyable projet !
Le sujet du webtoon : un festival d’été !
Le public de webtoon est majoritairement constitué d’adolescents et de jeunes adultes. La collab était donc prévue pour fêter les vacances scolaires.
Le sujet choisi par les organisatrices était un festival d’été, inspiré des matsuris japonais. Chaque artiste pourrait y faire interagir ses propres personnages avec ceux des autres !
Entre l’idée du projet et sa sortie, environ quatre mois se sont écoulés. Eh oui, 20 personnes pour 6 épisodes, vous vous doutez bien que ça ne se fait pas en un week-end.
A noter que mon point de vue est celui d’un participant, pas d’un organisateur. Il y a certainement eu d’autres problématiques dont je n’ai même pas conscience.
Comment réussir à faire vingt dessinateurs différents travailler ensemble ?
Nous ne nous connaissions pas tous forcément très bien en début de projet. Notre seul point commun à tous était le fait que nous travaillions chacun sur un webtoon personnel.
Les organisatrices ont fait le choix le plus pertinent : constituer des équipes plus réduites, et n’avoir qu’un interlocuteur par équipe.
Il faut aussi garder à l’esprit que nos webtoons traitent de sujets différents avec des partis pris artistiques et graphiques différents. Il fallait donc que chaque équipe puisse être suffisamment indépendante des autres pour n’avoir à gérer que son propre périmètre. En attribuant un épisode à chaque équipe, on pouvait combler ce point.
Si chaque équipe a un épisode à sa charge, et que les épisodes doivent être suffisamment indépendants les uns des autres, alors on se retrouve avec des épisodes sans réel rapport entre eux, ce qui peut être problématique. Chaque équipe a donc reçu un cahier des charges à respecter pour son épisode :
- période de la journée : la nuit
- champ d’action : un stand du festival avec un thème précis
- longueur de l’épisode : 30 cases maximum, etc…
Les organisatrices se sont également chargées de préparer un prologue, ainsi qu’une séquence introductive à chaque épisode, histoire de créer un fil conducteur sur l’ensemble du webtoon.
Pour finir, toutes les équipes avaient deux deadlines à respecter : une pour fournir un scénario en début du projet, et une pour livrer l’épisode en fin de projet.
Tout au long du projet, nous avions un canal de communication unique : un serveur Discord, qui contenait un salon privé par équipe, un salon privé pour les coordinateurs (organisateurs et chefs d’équipe), un salon général pour tout le monde.
Quelle organisation sur le stand des masques ?
A l’échelle d’une équipe, il y avait aussi quelques problématiques à résoudre pour que tout se passe bien. La plus importante était le style graphique.
Comment se découper les tâches de façon à ce que le style graphique de chacun soit inclus dans le projet, tout en évitant que tout le monde n’ait une charge de travail trop importante ?
La solution : découper la production selon les forces de chacun. Seule exception : la réalisation des personnages. Comme chaque artiste devait inclure des personnages de son propre webtoon dans l’histoire, nous avons décidé que chaque artiste aurait à charge la réalisation de ses personnages. Une unique personne chargée des ombres et effets à la fin assurerait l’harmonisation de l’ensemble de l’épisode.
En gros, nous avons essayé de garder le tout cohérent malgré des styles très différents.
Certaines étapes étaient plus complexes que d’autres.
Il fallait que le scénario tienne compte des caractéristiques des personnages, pour rester cohérent avec leurs actions dans leurs webtoons respectifs. Par exemple, Myriam, qui vient de mon webtoon Omun, se cache sous la table : elle est mal à l’aise en présence d’inconnus.
Nous avons donc tous fourni en amont des fiches de personnages sur le caractère de nos personnages et comment ils étaient susceptibles d’interagir avec les autres.
Puis nous avons construit le scénario ensemble.
Une autre étape complexe était la pose des ombres. Comme nous avions tous un style différent, il fallait s’assurer que la pose des ombres soit homogène tout en tenant compte de chaque style, pour garder le tout cohérent.
Mais l’étape la plus risquée était sans doute celle de l’assemblage. Chaque artiste travaille sur son propre logiciel, avec ses réglages particuliers et sa méthode personnelle. Or, ces paramétrages se décident généralement à la création d’un fichier. Autrement dit, si un artiste se retrouvait avec un problème de paramétrage de son fichier par rapport aux autres, le risque était de devoir recommencer complètement une étape. Il fallait donc essayer de tout cadrer pour tout anticiper en amont car les deadlines courtes ne donnaient pas le droit à l’erreur.
Et le résultat ?
Mission accomplie ! Nous avons réussi à produire un webtoon de 6 épisodes, en travaillant tous dessus et en un temps très limité ! Un sacré défi de relevé pour nous tous.
Avec ma double vie, j’en ai vu, des projets en entreprise. En comparaison, je trouve que les projets artistiques ont une dimension très délicate à gérer : l’individualité. En entreprise, on est salarié avec les autres, ça fait partie des règles du jeu. En tant qu’artiste, la dimension individuelle est la plus importante : on s’exprime d’abord par soi et pour soi, la vocation est d’ordre intime et personnel. Chaque décision commune est donc une concession pour certains.
Pendant ce projet, de mon point de vue, les conflits ont été tellement mineurs comparé à l’ampleur du risque, je suis honnêtement surpris que ça se soit aussi bien passé. J’ai vu des projets d’entreprise ne pas aboutir pour moins que ça. J’imagine que ça tient à l’organisation et au tempérament de chacun, et pour moi, c’est avant tout ça la vraie réussite sur ce projet.
Le mot des copains
Eily – R (stand des masques – dessinatrice de « Blue Lightning ») : “Ça a été la série des premières fois pour moi : première grosse collab de groupe, première fois avec cette organisation de travail, première fois sur un webtoon… C’était une expérience intense, mais hautement satisfaisante ! Surtout quand on constate à quel point nos styles pourtant très différents ont réussi à se marier harmonieusement. Et puis la découverte de la collab globale à la fin était vraiment exceptionnelle ! On retiendra que les auteurs sont des sadiques, qui adorent tourner leurs personnages en ridicule”
Creepy (stand des masques – créatrice de “It’s me, Creepy !”) : “Je m’appelle Creepy et je partage ma petite vie et celle de mes chats sur webtoon !
Mon moment préféré de la création a clairement été le scénario, voir toutes les idées (et blagues surtout) des autres et se mettre en accord pour que tout soit logique et coordonné. J’ai beaucoup appris durant cette collab, notamment à être face à beaucoup plus de contraintes que lorsqu’on est solo.”
Infos sur les copains
A lire aussi
Projet avec les copains
Découvre un festival d’été qui a rassemblé près d’une quarantaine de personnages de Webtoon Canvas ! Un crossover géant et déjanté !
Ça fait quoi de participer à un webtoon de 20 créateurs ?
Article du Café des Récits
En 2021, j’ai participé à un projet fou : un webtoon qui a regroupé 20 créateurs différents ! Je te raconte tout ce que j’ai appris !