Les Scribes d’Inscryption et leur philosophie

Dans mon précédent article sur Inscription, j’ai beaucoup parlé de la première partie du jeu. Aujourd’hui, j’ai envie de parler de la seconde. Car au-delà des mécaniques d’un jeu de carte, il me semble, qu’Inscryption offre une réflexion ouverte sur les facettes de l’identité.
En effet, en seconde partie, le jeu nous présente 4 scribes, des entités mystérieuses qui incarnent chacun une philosophie distincte.

Le premier scribe, que je qualifierais de « scribe organique », incarne une philosophie profondément ancrée dans la nature. Fasciné par les animaux et les aspects organiques de la vie, ce scribe symbolise la connexion essentielle entre l’homme et la nature. J’ai parfois l’impression qu’il n’a aucun respect pour la vie ; mais force est de constater qu’il éprouve une certaine fascination pour la notion de vie en elle-même, sous toutes ses formes organiques.

À l’opposé, le « Scribe de l’Héritage » se concentre sur la mort et ce que l’on laisse derrière soi. Il est obsédé par la mémoire et l’impact durable, et semble incarner les thèmes de la mémoire collective et de l’influence posthume. Il me fait penser à la pression de la postérité, de la nécessité d’être rappelé par les vivants après notre départ.

Ensuite, le scribe technologique, un robot doté d’une esthétique mêlant l’ancien et le moderne, incarne la rationalité, la logique et l’efficacité. Ce scribe représente la froideur de la technologie, avec son esprit binaire et calculateur. Pour ceux qui valorisent la méthode et la raison, il pourrait être un modèle. Et j’adore la méthode et la raison, hein mais je me suis senti en complet désaccord avec lui. Son manque de créativité et de passion m’a rebuté. Ce n’est pas ainsi que je conçois la technologie. Pour moi, la vraie innovation technologique nécessite une forme d’énergie créative.

Enfin, il y a le mage artiste, une figure fascinante et inspirante pour moi. Ce scribe incarne justement l’énergie créative, la puissance de la magie et la capacité à créer du beau à partir du néant. Contrairement aux autres, le mage artiste ne cherche pas à imposer sa vision. Il semble représenter la liberté de création, l’expression artistique et la passion, mais aussi une forme d’anticonformisme.

Les scribes d’Inscryption ne sont pas seulement des entités isolées ; ils interagissent, se confrontent et parfois se complètent. Cette dynamique reflète les tensions que nous rencontrons souvent dans la société, où différentes idéologies et valeurs sont en compétition. Certains scribes, comme le scribe technologique, cherchent à imposer leur vision du monde, créant ainsi des tensions. Tandis que le mage artiste opère principalement dans son coin, sans chercher à s’opposer directement aux autres, offrant une alternative paisible et harmonieuse.

Je trouve que c’est assez malin et original d’avoir segmenté ainsi les états d’esprits des scribes. Au final, ils se complètent, mais s’opposent également.
Par exemple, entre le scribe organique et le scribe technologique, on peut imaginer un conflit entre la nature et la technologie, la tradition et l’innovation. Ce conflit n’est pas sans rappeler les débats actuels sur le progrès, où la préservation de l’environnement entre souvent en conflit avec l’avancée technologique. Cependant, ces philosophies, bien que différentes, ne sont pas nécessairement en guerre. Elles peuvent se compléter, offrant un équilibre entre respect du passé et ouverture vers l’avenir.

Ce qui est fascinant dans Inscryption, c’est que malgré la diversité des philosophies représentées par les scribes, le jeu ne force pas le joueur à se conformer à une seule d’entre elles. Cette liberté laisse place à une exploration personnelle, où chaque joueur peut choisir de suivre le chemin qui résonne le plus avec ses valeurs.

Dans la vie réelle, tout comme dans Inscryption, nous sommes souvent confrontés à des pressions extérieures qui nous poussent à nous conformer à un certain modèle ou à une certaine philosophie. Si les scribes incarnent chacun un concept moteur, rien ne nous empêche en tant que joueur d’adhérer à l’un, puis finalement préférer un autre, ou même en apprécier plusieurs. De même, l’identité n’est pas quelque chose de fixe ou de prédéterminé. Au cours de notre vie, nous analysons, questionnons, évoluons, et bien souvent, changeons d’avis.

En conclusion, Inscryption nous invite non seulement à naviguer dans un univers de mystère et de danger, mais aussi à réfléchir profondément sur notre propre identité. Les scribes du jeu, avec leurs philosophies variées, sont plus que des personnages à affronter ; ils sont des miroirs de nos propres questionnements internes.
Au final, notre identité n’est pas un destin fixe, mais une œuvre d’art que nous créons au fil du temps.