Entre tradition et modernité

“Entre tradition et modernité”
Une expression qu’on emploie souvent par sarcasme pour se moquer d’un documentaire un peu paresseux sur un pays ou une culture. Toutes les cultures ont des traditions qui ont contribué à leur construction, et toutes les cultures tentent de ne pas perdre ces traditions face à la mondialisation tout en étant conscient de la nécessité de suivre le flux de la modernité.
Ainsi donc, la Martinique se trouve emportée dans ce flux. Mais pour nous antillais, qu’est-ce que la mondialisation sinon la vie de tous les jours ? Voir une culture mourir, naître ou se mélanger aux autres alentour, c’est une éternelle boucle que notre île connaît trop bien.
Ne nous laissons pas charroyer par ce flux avec inconscience et désinvolture.

Le saviez-vous ? Les traditions culturelles en Martinique sont le résultat d’un riche mélange de plusieurs influences historiques. La Martinique a été habitée par les Arawaks avant l’arrivée des Européens, suivis par des Africains réduits en esclavage, des travailleurs Indiens, puis des migrants Chinois et Syro-Libanais. Ces couches successives de populations ont apporté leurs propres coutumes, se sont jaugées, acceptées ou non, et ont fini par se mélanger, créant ainsi des traditions martiniquaises uniques.
Pour moi, les traditions martiniquaises incarnent des valeurs fondamentales telles que le devoir de mémoire, le partage, la célébration et la résilience. Elles ne sont pas simplement des souvenirs du passé, mais des clés pour comprendre et accepter l’avenir. Elles reflètent des valeurs de vivre ensemble, de routines et de discipline, apportant des nuances au libre arbitre de chacun. Préserver et partager ces traditions permet de transmettre des lectures diversifiées de la vie et du monde.
Inconsciemment, je pense que c’est ce qui m’a poussé à lancer mon format “les 34 communes de la Martinique” sur Twitch.

Le concept de mes lives est de prendre une commune de Martinique, de rechercher un maximum d’informations dessus, puis d’en faire une illustration. J’aime que les gens viennent pour le dessin ou le react, et repartent en ayant appris des choses !
Je choisis donc les traditions à mettre en avant en fonction de la commune ciblée dans chaque stream. Si les médias mentionnent des activités traditionnelles spécifiques, je les explique et partage mes souvenirs d’enfance. Les aspects de musique et de danse reçoivent généralement le plus d’engagement et de réactions de la part de mon audience, car ils sont plus faciles à découvrir en vidéo.

Par exemple, lors d’un live sur Bellefontaine, j’ai parlé de la pêche à la senne. Cette tradition permet à n’importe qui de participer à la pêche à l’aube, et chaque participant reçoit quelques poissons à la fin. En faisant mon live sur le Lamentin, j’ai aussi abordé le chouval bwa, une variante du manège de chevaux de bois européen, mais non mécanique. Des musiciens jouent au centre du manège pendant que des personnes le poussent pour le faire tourner, créant une ambiance festive et conviviale.

Si j’anime ces lives sur Twitch, c’est aussi parce que j’ai parfois la sensation d’être coupé de mes racines. J’ai juste eu envie de partager avec les autres les recherches que je m’amusais déjà à faire dans mon coin chez moi…
Finalement, les traditions culturelles partagées sur Twitch renforcent mon propre sentiment d’appartenance à la Martinique en évoquant des souvenirs d’enfance, des sons, des odeurs et des ambiances familières… Mon souhait est que d’autres à leur tour, même loin de leur île natale, puissent le ressentir de cette façon. Bien que peu de followers antillais s’expriment actuellement sur le chat, j’espère qu’ils se prendront au jeu avec le temps.
Le numérique et la mondialisation ne sont pas des ennemis de la préservation des traditions. Le numérique permet de stocker des souvenirs, des recettes et des descriptions, et de retransmettre en live des événements traditionnels. Et même si la transmission des traditions, idéalement par la parole et l’échange, reste essentielle, Internet offre des outils puissants pour partager et protéger nos traditions, tout en permettant aux jeunes générations de se connecter à leurs racines.