Lorsqu’un commentaire partagé sur les réseaux sociaux inspire une œuvre capable de toucher avec un message universel, quelque chose de spécial se produit. C’est précisément ce qui s’est passé lorsqu’un commentaire sous une vidéo de Samora Curier a donné naissance à ce qui est aujourd’hui l’une de mes collabs préférés. Samora, créateur du podcast “le Mwakast”, est connu pour aborder le passé de la culture antillaise, mais aussi son intégration parfois complexe dans la France contemporaine.
L’anecdote qu’il m’a partagé venait d’un commentaire d’une de ses abonnées. Ce témoignage d’une nuit glaciale dans le RER est devenu le point de départ d’une création artistique en collaboration.
Ayant grandi en Martinique, le travail de Samora me touche tout particulièrement. Notre production et le résultat de son partage sur les réseaux sociaux a en quelque sorte été à l’origine d’une réflexion plus personnelle sur le sujet, une remise en question sur ma façon de porter ma voix, de communiquer ou me taire sur ces sujets. Mais j’étais loin de me douter que cette petite BD aurait un impact sur les autres également.
Un message d’espoir dans l’art
C’est vrai que l’une des beautés de l’art est sa capacité à transmettre un message, à susciter des émotions et à offrir de l’espoir.
C’était vraiment une expérience particulière de mette mes pieds dans les bottes d’une autre personne, au vécu à la fois si différent et si proche du mien. Le froid glacial, le nez en sang, l’indifférence des autres voyageurs – tout ça me paraissait tangible, et c’est ça que je voulais représenter, au-delà de réciter les faits.
D’un autre côté, respecter le texte tel qu’il m’avait été fourni, sans dénaturer l’expérience de cette personne, me paraissait extrêmement important. Mon objectif était de lui dire, en quelque sorte “je te vois, je comprends ce que tu ressens”, sans obstruer la place de parole qui lui était confiée. Il me semblait qu’en préservant correctement l’authenticité du commentaire, il serait plus fort et bien plus capable d’offrir un réconfort et une empathie bienvenus à ceux qui se sont déjà retrouvés face à la froideur d’une société qui les méconnaît.
Créer un espace pour la communauté
Je suivais le travail de Samora depuis un moment déjà, et j’ai beaucoup de respect pour ce qu’il produit, les recherches qu’il fait, ainsi que l’authenticité qu’il met dans ses formats. En prenant la parole avec humour, impertinence ou sérieux, il a créé un espace confortable pour les antillais et leurs alliés, pour nous exprimer, échanger, débattre. Dans la lignée de son travail, cette BD est bien un miroir reflétant leurs propres expériences. Ils se voient soudainement, ils se reconnaissent et se sentent compris.
J’ai été surpris de la spontanéité chaleureuse des commentaires, sur le sujet, sur la représentation graphique, sur leur propre vécu et ce que cela leur avait rappelé.
La BD, dans le prolongement du travail de Samora, avait bien donné une voix et une forme aux sentiments qu’ils n’avaient peut-être jamais pensé à exprimer.
De même pour moi, qui avais arrêté depuis bien longtemps de mettre en avant cet aspect de ma culture. Trop longtemps.
Résonance de l’art avec les minorités
L’art a le pouvoir de transcender les barrières culturelles, de devenir une voix pour les voix inaudibles. C’est ce que cette BD m’a rappelé. Elle m’a également reconnecté à une chose que je pensais depuis longtemps : quelle que soit notre minorité, genre, ethnie, handicap ou autre, nous avons des problématiques communes… Nous avons besoin de pouvoir nous exprimer, nous sentir vus, entendus, découvrir l’empathie et la compréhension dans les yeux de ceux qui ne se retrouvent pas dans nos expériences mais sont désireux de venir vers nous et d’apporter leur soutien.
Cette BD a donc été le point de départ d’une orientation plus affirmée de mon travail : une quête de partage et d’empathie, qui montre les difficultés en espérant créer du soutien et apporter du réconfort.
Sans plus tarder, je vous laisse découvrir cette BD en deux épisodes, si vous ne l’aviez pas déjà lue sur mon compte instagram @mokoya.art.
L’histoire de la création artistique, née d’un commentaire anodin sur les réseaux sociaux, révèle la capacité de l’art à unir les personnes, à offrir un refuge à ceux qui se sentent souvent en marge. Elle nous rappelle que nous ne sommes pas seuls, que nos expériences sont partagées, et que l’art peut être un puissant catalyseur pour le changement et la compréhension.
Elle m’a rappelé ce qui m’avait plu dans la narration dès le tout début : le pouvoir de partager, créer de l’empathie, générer une réflexion, fédérer autour d’une histoire.
Je tourne la tête vers la gauche, lève les yeux vers les croquis de Omun fixés au mur. J’espère pouvoir insuffler autant de force dans cette bande dessinée en plusieurs tomes que je suis actuellement en train de préparer.
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