Hello lecteurs ! Je vous avais promis que je vous dirais tout sur les mésaventures de ma tablette. C’est un peu l’occasion pour moi de vous expliquer rapidement comment j’en suis venue à faire de l’illustration digitale (et au début, c’était pas gagné).
J’ai commencé le dessin, comme tout le monde, à l’âge de tenir un crayon. J’ai touché à pas mal de choses (sauf la peinture à l’huile ; j’y reviendrai). Mais ce n’est qu’après le bac que j’ai commencé à dessiner sur ordi. Paola (oui, oui, la Paola qui a travaillé avec moi sur l’Écharpe) m’a initié à GIMP ; et c’était dur, surtout à la souris. C’était la première fois que je testais ce genre de logiciel. Dites-vous qu’avant cela, mes connaissances s’arrêtaient à Word, PowerPoint, Excel et Encarta (aaaaah… Encarta… un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…). Il faut également rappeler qu’étant à l’époque toutes les deux en Prépa Scientifique, Paola avait bien d’autres chats à fouetter que de m’expliquer le B.A.BA de la chose. Et moi alors ? Ah, ah ! Il faudra que je vous raconte ça un jour.
Revenons à nos moutons. 2009 : j’arrive à Nantes pour des études de design. Je m’achète une tablette d’une qualité dérisoire à un prix dérisoire, une Trust. A l’époque, je ne regardais même pas les Wacom, ah, non ! C’est pour les pros, ça ! C’est exactement pour ce genre de raison absurde que je n’ai jamais tenté la peinture à l’huile : je croyais que c’était réservé aux pros. Oui, je sais, c’est assez bizarre. Cela dit, je dois quand même préciser que je n’avais de budget ni pour de la peinture à l’huile, ni pour une Wacom…
Cette tablette aura vécu quelques années, vu que je l’utilisais très peu (2 à 3 heures par mois environ). Elle a vu passer mes années de jeune étudiante, ma recherche d’emploi et même mon premier boulot aux allures de cauchemar (comme beaucoup de premiers boulots de graphistes).
C’est justement dans ce boulot à peine payé que ma tablette agonisa. Ça tombait très mal, car je bossais sur un projet d’illustration de couverture d’un livre. Revenir à la souris ? Autant dire régresser et perdre du temps sur un projet dont la deadline approchait à grande vitesse. Mon patron s’en est plaint au début, mais après lui avoir rappelé que je n’étais pas censée me servir de mon matos personnel pour ce projet, il a finalement rapporté quelques jours plus tard une Wacom Intuos S.
Pour moi, c’était comme le Graal. Je pouvais enfin goûter à la magie de 1024 niveaux de pression… Incroyable.
Mais ce boulot ne payait vraiment pas grand-chose, et j’ai dû le quitter. Adieu boulot, adieu tablette…
S’ensuivit une période sans dessin digital. Je revins au webdesign, stoppai presque complètement le dessin traditionnel par dépit. J’avais commencé à m’habituer à la « pensée digitale » et c’était dur de faire sans les CTRL+Z (annuler la dernière action) et autres astuces des outils numériques. Cela m’avait permis de réaliser que se contenter d’un seul outil « encrassait » la créativité. Diversifier les façons de dessiner et la pratique du dessin permet d’élargir les horizons et de renouveler le stock d’idées originales. Après cette période obscure, je choisirai de ne plus jamais abandonner le dessin traditionnel.
Ma première Wacom rien qu’à moi est arrivée un soir de printemps, alors que je ne l’attendais pas, dans les valises d’un ami d’enfance qui voulait me faire une surprise : c’était l’Intuos Pen & Touch. Alors que j’avais perdu espoir en beaucoup de choses, ce type que je n’avais pas vu depuis des lustres apparaissait devant chez moi pour mon anniversaire avec un cadeau que je n’ai jamais oublié depuis. Ce soir-là, j’ai déballé et testé avec mes amis la tablette. J’avais de grandes étoiles dans les yeux et j’ai versé quelques larmes d’émotions. Mes rêves étaient peut-être encore accessibles. Je me suis remise à l’illustration, je me suis entrainée jusqu’à cette année 2016 où j’ai pu entrer dans le vif du sujet avec le Café des Récits.
Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Les lumières blanche et bleue de ma petite tablette se sont éteintes un soir d’automne. J’avais tout prévu, sauf ça… Impossible à cet instant de m’en payer une autre. J’ai fait le tour de mes contacts, espérant que quelqu’un pourrait me prêter une vieille Wacom (bah oui quand même, j’en ai besoin de ces niveaux de pression !) en rab que je pourrais emprunter le temps de m’en racheter une autre. Personne : les moins chanceux usaient la leur jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus, les autres avaient déjà revendu l’ancienne pour s’en procurer une plus performante.
J’ai alors cherché un plan B ; il s’est présenté sous la forme d’une mission courte dont la rémunération serait suffisante. Problème : je ne serais payée qu’en janvier. Ça faisait si loin comme deadline !
Dans le doute, j’ai accepté, me disant que ce serait mon dernier recours si je ne trouvais vraiment pas une meilleure idée.
Et puis, fin novembre, une amie m’a proposé de venir prendre sa vieille Wacom chez elle. Ouf ! Seul hic : il me fallait me rendre à l’autre bout de la France, et ses créneaux de disponibilité étaient vraiment aléatoires. Le temps d’essayer de se mettre d’accord sur une date, décembre avait filé à toute vitesse. J’avais deux mois de retard sur la sortie de l’épisode 3 et je commençais à déchanter. Pour rester motivée, je me suis focalisée sur le dessin traditionnel et sur LTK.
2017 a frappé à ma porte et j’ai ouvert avec la tronche la plus déprimante du monde. Le concept des mini-récits et le blog m’ont aidé à supporter l’attente d’une solution concrète. Finalement j’ai touché ma paie il y a peu et je vais donc pouvoir me procurer une nouvelle tablette. ENFIN !!!
Maintenant, il faut mettre quelques petites choses au point.
Pao a quitté le Café. Certes, je vais recevoir un coup de pouce de la part d’amis, mais pour ménager au maximum un rendu homogène, ce sera assez limité. Du coup chaque épisode sera plus long à produire. Je m’explique : en moyenne un épisode de l’Écharpe demande 6 semaines de travail (un mois et demi). Si je ne délègue pas la colorisation, j’ai compté qu’il me faut considérer environ le double : 11 semaines…
J’ai donc prévu une sortie de l’épisode 3 début juin ; mais gardez à l’esprit que c’est une date approximative. J’ajusterai cette prévision après avoir repris le digital. Et d’ici là, j’ai prévu bon nombre de choses pour vous occuper !
Quoiqu’il en soit, je suis très heureuse de pouvoir vous annoncer le retour de l’Écharpe. Je déteste les tâches inachevées. Et puis, pour l’instant, je suis la seule à connaitre la fin. C’est pas juste, pas vrai ? Allez, à bientôt avec, je l’espère, de belles illustrations digitales !