Cette histoire est extraite du récit : Jacqueline et le Haricot Magique, qui n’est pas encore paru sur le Café.
“Bonjour ma chérie ! Tu vas bien aujourd’hui ?
Tu avais envie de m’entendre, hein ? Hé bien, cela me fait très plaisir.
Cette fois, je vais te parler du Londres de mon enfance, dans les années 2000.
Quand j’étais plus jeune, j’ai vécu quelques années en plein centre-ville de Londres, dans la famille de ma cousine, à Buckingham. C’était une époque où l’expression “jungle urbaine” avait un sens totalement différent de maintenant ! Il y faisait plus froid, les bâtiments étaient en bon état, tout fourmillait de vie ! Nos bus mythiques, connus partout dans le monde, circulaient à toute heure du jour et de la nuit.
Vous voyez cet espace ici, qui traverse presque entièrement la Tamise, recouvert de lianes et de mousse, affaissé au milieu ? A l’époque, le Tower Bridge était l’une des attractions principales de la ville. On l’avait repeint en bleu, blanc, rouge, il avait l’air si traditionnel et si moderne à la fois ! Et il pouvait s’ouvrir pour laisser passer les bateaux !
Non loin, sur l’une des rives, on avait un beau quartier d’affaires. Oui, juste là, cette place aux ruines envahie par les arbres et les fougères. Ah, je me souviens du Gherkin, dont l’architecture était digne d’un Oeuf de Fabergé ! Il n’en reste plus que la structure aujourd’hui. Maintenant recouvert de toutes ces plantes grimpantes, il ressemble bien plus à un cornichon, après tout. Remarquez, cela fait des photos plutôt cocasses, avec l’ombre de l’Anneau qui traverse le ciel, en arrière-plan.
L’Anneau…
Vous voulez que je vous dise ? C’était une bonne grosse idée de merde, et je pèse mes mots ! Prétendre sauver la terre en allant se confiner dans un cercle gravitant autour de notre planète bleue ? Un bon prétexte pour abandonner ceux qui restent à un sort funeste, ça oui !
Fuir, fuir, toujours fuir !
Fuir ses responsabilités.
Fuir son passé.
Que voulez-vous construire de solide sur de telles fondations ?
Je l’avais dit, ça, je lui avais dit…”
Dans le Memory Cell, la voix grésillante sembla se briser.
Jacqueline toussa, gênée. Elle se sentait coupable d’avoir réveillé de tels souvenirs.
– Ne t’inquiète pas, Mamie Baba, c’est de ma faute, je n’aurais pas dû te demander de parler de ça. Je vais te laisser te reposer et ça ira mieux.
La fillette s’empara de l’appareil. Sur le côté, il y avait un tout petit curseur, qu’elle régla sur “oublier la dernière conversation”.
Elle enclencha le bouton qui servait à éteindre le Memory Cell, soulagée.
Lire le textober de la veille : Jour 13 – Ash