Cartes sur table face à Instagram

En avril 2022… je traversais un passage à vide. J’étais malade, au fond de mon lit, victime du syndrome de la page blanche. Vraiment, à cette période, j’avais tiré les mauvaises cartes.

Alors, histoire de conjurer le mauvais sort, j’ai cherché le sujet le plus ridicule et éloigné de ma zone de confort. Me voilà donc à dessiner des chats… et pas n’importe lesquels : des chats over-kawai, avec un gros brush et des couleurs pétantes.

J’ai dessiné beaucoup de chats ce mois-là : rigolos, tristes, qui dorment, qui jouent. Tous à partir de références de Yuki, la chatte la plus mignonne de l’univers (malgré son sale caractère !!)

Forcément, j’ai posté ces chats sur instagram. Je me suis fait un planning en béton, j’en ai tellement dessiné !

Et là, c’est le drame.

A présent que mon feed Instagram ressemble à l’emballage d’un paquet de bonbons japonais, je suis ra-vi. J’ai un rythme régulier, en plus c’est facile à faire, ça détend. Et puis tout le monde aime les chats non ? ça va faire grimper mon audience Insta en moins de temps qu’il ne faut pour le dire !

Vraiment ?

Certes, j’avais attiré du monde, mais s’agissait-il vraiment de gens qui appréciaient mon travail ou qui aimaient juste les chats ?

En fait, c’est exactement le même problème que lorsqu’on ne fait que des fanarts pour avoir plus de followers. À court terme, plus on gagne de follow, mieux on se sent. Mais il faut être conscient de deux choses :

– si l’objectif est de mettre en valeur son propre travail, on risque d’habituer l’algorithme d’Instagram à nous envoyer que des gens qui sont déjà fans des persos qu’on dessine. Dès qu’on fera autre chose ces gens repartiront.
– Même en continuant à faire exactement ce que semble vouloir le public, au bout d’un certain temps, ce public s’ennuiera de la monotonie du sujet. Il suffit que quelques uns décrochent pour ne plus être mis en avant par l’algo et c’est l’effet boule de neige. Et ne vous plaignez pas s’ils unfollow car le pire sont ceux qui restent abonnés et ne font aucune action (liker, commenter, partager) ce qui pourrit vos stats aux yeux de l’algorithme…

Alors inévitablement, lorsque j’ai arrêté de poster des chats… j’ai commencé à perdre l’engagement de mes abonnés !

Le constat du mois suivant fut triste :

– après avoir commencé à poster des chats, j’ai eu un boost : plus de followers et plus d’engagement
– Mais au bout d’un certain temps, le boost des chats s’est essouflé
– lorsque j’ai repris mes posts habituels sans chats, j’ai perdu encore plus mes followers et leur engagement.

Que conclure dans ce cas ? Que faire ? Terrible sentiment que d’avoir été embarqué dans un réseau social et d’un coup se sentir trahi par ses followers ou par un algorithme.

C’est la première chose dont il faut prendre conscience. Instagram n’est ni un pote, ni un allié. Instagram joue dans son propre camp : avoir plus d’utilisateurs, que les gens restent plus longtemps sur le réseau social, que les gens s’intéressent de plus en plus, postent, commencent, regardent, s’inspirent, re-postent…

Vous comprenez ? Instagram ne cherche pas à séduire, ni les artistes, ni les créateurs de contenu. Instagram ne cherche pas à nous aider à accrôitre nos communautés. Instagram cherche à nous utiliser pour accéder à nos communautés. Peu importe à instagram que nos followers nous abandonnent, tant que ces followers restent sur instagram. Quitte à ce que ce soit chez quelqu’un.

Et si nous n’avons aucun bénéfice à tirer d’Instagram mais que nous continuons de nous arracher les cheveux pour plaire à son algorithme… que devenons nous ?

Si tous se fichent de ce que nous créons, nous ne sommes plus que des utilisateurs de la plateforme.

Je vous le garantis. Dans ce jeu incessant des réseaux sociaux, nous perdons. Que fait-on quand on se rend compte qu’on est accro à un jeu dans lequel on ne gagne jamais ?

On quitte la table.

Doit-on quitter Instagram ? C’est peut-être un peu brutal.

Mais on pourrait imaginer créer nos propres règles…

Comment on fait ?

… On se retrouve dans deux semaines pour en parler.