Cette histoire est extraite du récit : FATE, qui n’est pas encore paru sur le Café.

Mon année de Terminale était… Oui, c’est bien ça, en y réfléchissant bien, c’était la meilleure année de ma vie toute entière.

Je l’avais commencée avec espoir et détermination, entourée de mes deux meilleures amies depuis l’école primaire.

Fiona était une adolescente fougueuse, sulfureuse, mais surtout chaleureuse. Elle se donnait toujours à fond ; si bien que personne n’aurait pu soupçonner à quel point elle manquait de confiance en elle.

Théa, quant à elle, était beaucoup plus calme. pragmatique et à l’écoute, elle était un peu la petite maman de notre bande.

Mine de rien, Fiona et Théa était souvent en désaccord ; d’un tempérament plus diplomate, j’adoptais la posture de l’arbitre assez naturellement.

Nous sommes donc entrées dans notre année scolaire la plus cruciale, bras-dessus-bras-dessous, menton haut, tête droite, comme si la vie nous appartenait.

Et puis dans notre classe, cette année-là, il y avait Alice.

La première fois que je l’ai aperçue dans la cour, seule, comme elle l’était toujours, elle me fit l’effet d’un rêve, ou plutôt d’une prémonition.

Alice était frêle et élancée, des cheveux, châtains, presque cendre, très lisses, si vaporeux qu’ils semblaient flotter en permanence autour de son visage. Dans ses bras, très maigres, elle portait sans difficulté aucune un carton qui semblait pourtant extrêmement lourd.

Toute la personnalité d’Alice semblait être synthétisée dans cette contradiction.

Lorsqu’elle souriait, ses yeux se voilaient comme un ciel couvert de nuages.

Ses mouvements énergiques étaient étrangement en désaccord avec ses membres fragiles avalés par des vêtements amples.

Le plus souvent, ce que la communauté disait ou faisait lui importait peu, même lorsqu’elle était concernée ; cependant, lorsqu’elle prenait le soin de se mettre en action, ses décisions se paraient d’une sorte de rage, comme déclenchées par un désespoir profond.

Ce jour-là, j’avais observé Alice traverser la cour d’un pas léger. j’avais vu ce jour-là une adolescente solitaire mais indépendante, autonome ; qui n’avait besoin de personne.

Je ne pouvais pas savoir, à ce moment-là, en lui tournant le dos, que je manquerais l’instant précis où elle aurait besoin d’aide.

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