Cette histoire est extraite du récit : « Fragments » qui n’est pas encore paru sur le Café.

Au commencement, il n’y avait rien. L’espace infini n’était rempli que par l’ennui et l’oisiveté d’entités créatrices.

Une graine finit par apparaître. Elle germa, enfla, se développa, devint un Monde sur lequel les entités créatrices se focalisèrent.

Elles créèrent des vivants, des éléments, des structures de plus en plus complexes.

L’une d’elles s’approcha du Monde avec attention ; elle créa l’humanité.

La Mère des Hommes s’appelait Moko. Elle observa un temps ses créatures, heureuse ; puis s’endormit, sereine.

Lorsqu’elle s’éveilla, ses humains avaient grandi, s’étaient reproduits, constituant des sociétés de plus n plus ambitieuses. Moko, fascinée, passait beaucoup de temps à les observer.

Elle finit par les rejoindre.

Ainsi, de temps, en temps, Moko se glissait parmi les humains, pour mieux les étudier.

Au cours d’une de ces visites, elle rencontra Öya, fille de brigands. C’était une jeune femme sérieuse, peu gâtée par le destin mais passionnée par le travail et déterminée à réussir. Son esprit pratique et sa façon de tout rationaliser la rendait radicalement différente de Moko.

Sans doute était-ce là le secret de leur alchimie ; car la créatrice passait de plus en plus de temps sur Terre.

Öya avait recueilli un orphelin. Elle qui avait reçu si peu d’amour dans son enfance, faisait l’apprentissage de l’affection et du confort qu’offrait une cellule familiale, si étriquée fut-elle.

Mais un jour, celui qu’elle considérait comme son propre fils disparut.

Öya fut dévastée. Moko chercha l’enfant partout ; il demeurait introuvable.

Moko voyait Öya sombrer chaque jour, de plus en plus ; dans la douleur, dans la folie.

Elle intercéda en sa faveur auprès des entités créatrices qui refusèrent. Elles étaient là pour créer, pas pour prendre parti. 

Désespérée, Moko décida d’agir seule.

Pour apaiser le mal, la créatrice choisit de fusionner son esprit serein avec l’âme tourmentée de Öya. Elle pensait que ses pouvoirs pourraient la guérir de l’intérieur.

Il n’en fut rien.

Le coeur immaculé de Moko, vierge de la douleur des Hommes, ne résista pas à cette torture permanente. Il se consumait lentement. Si personne ne faisait rien, il ne resterait de la créatrice que des pouvoir puissants et corrompus attribués à une humaine….

Un démon invincible.

Pour éviter cela, les entités créatrices cristallisèrent Moko-Öya.

C’était insuffisant…

La roche épurée, sous la pression de l’énergie destructrice en elle, fissura.

Se fendit.

Éclata en une infinité de débris.

Les cristaux minuscules se répandirent sur Terre.

Moko reposait parmi ses créatures…

Pour l’éternité.

Lire le textober de la veille : Jour 22 – Ghost