Toi aussi, tu as envie de créer ton propre webtoon, de raconter des histoires sur ce format complètement adapté à la lecture sur smartphone ? Tu as entendu parler de ces plateformes d’hébergement du webtoon amateur comme Webtoon Canvas ou Mangadraft, et tu veux te lancer ?

Quand j’ai commencé à publier mon webtoon OMUN sur Canvas, je n’avais aucune idée de ce qu’était vraiment ce format, comment raconter, ce que recherchait le lectorat…

Affiche de mon webtoon OMUN, pour lequel j

Aujourd’hui, après plus de 25 épisodes postés, j’ai eu le temps de tester et de découvrir plein de choses. J’avais envie de te partager mon expérience !

La plupart de mes conseils se concentrent sur Webtoon France (aussi connu sur le nom de Webtoon Naver / Webtoon Line), mais je pense qu’ils peuvent t’être utiles si tu postes sur d’autres plateformes.

1. Créer un webtoon est un marathon, pas un sprint

J’ai l’air d’enfoncer une porte ouverte, mais voici un exemple :

  • Un épisode, c’est une quarantaine de cases (c’est une moyenne, pas une contrainte)
  • Une case prend deux heures à être produite (pareil, c’est une moyenne)

Tu auras donc besoin d’y passer 11 heures  par jour en publiant toutes les semaines ; 5 à 6 heures par jour en publiant toutes les deux semaines. C’est contraignant ;  et le moindre jour de repos fait prendre un retard considérable.

Mon conseil : tout dépend de ton objectif.

  • ton objectif est de tester le format : publie quand tu veux, et surtout quand tu le peux !
  • ton objectif est de gagner en visibilité, voire te faire repérer pour édition : tu dois entrer dans les bonnes grâces de l’algo et donc publier régulièrement. Fais-toi un stock de 3 ou 4 épisodes avant de commencer à les poster. Ce sera ta « réserve » pour les jours de baisse d’énergie ou de moral.

2. Le découpage n’est pas le même que pour une BD « classique »

Dans la BD « classique », c’est-à-dire un format structuré en pages et initialement conçu pour l’impression, le ratio hauteur/largeur est différent par rapport au webtoon.

Découpage BD vs. Découpage webtoon

Dans une BD, on voit beaucoup de choses d’un coup d’œil. Dans un webtoon, sur un petit écran, on est beaucoup plus limité.

Retiens que le public du webtoon lit majoritairement sur son smartphone. Donc attention à la taille des textes, et les gros pavés de dialogue sont à proscrire. Pense au confort nécessaire à  la lecture !

Compte tenu du format, là où en BD on privilégie de belles grandes cases panoramiques pour les instants impactants ou contemplatifs, en webtoon ce genre d’élément a bien moins de poids dans la mise en scène. Je crois que c’est ce qui m’a le plus perturbé au début.

Mon conseil : Vérifie la lisibilité de ta police sur mobile. Espace tes cases. Pense aux transitions entre celles-ci.  Fais plusieurs petites bulles au lieu d’une seule grosse.  Utilise de belles grandes cases verticales pour les scènes importantes.

3. Le public du webtoon est habitué aux graphismes en couleur

Quand j’ai commencé OMUN, je l’avais pensé pour un format plus proche du manga : en noir et blanc. Je savais déjà que je comptais y mettre de la couleur, mais plutôt par touches.

J’ai gardé cette approche pour webtoon. Pourtant plusieurs créateurs « pro » (dont les œuvres sont dans la catégorie Original de Webtoon France) m’ont averti que ce n’était pas vraiment propice à ce format. Mais je n’étais pas prête à expérimenter la couleur, qui me semblait plus coûteuse en temps. Alors j’ai conservé mon parti pris graphique.

Quelques planches du webtoon OMUN

Évidemment, ils avaient raison.

En un an, je n’ai vu passer que deux webtoon en Original, qui soient en noir et blanc ; ils sont aujourd’hui terminés et Webtoon France n’a plus édité de créations en noir et blanc.

Mon conseil : Ne te sens pas obligé de faire de la couleur si ça ne te convient pas : avec OMUN, j’ai été plusieurs fois en séries recommandées, et même sélectionnée dans le cadre du programme Canvas Plus, en choix des éditeurs. Mais sache que si tu souhaites te faire éditer, l’absence de couleur sera un frein. Si tu souhaites gagner rapidement en visibilité, il est probable qu’elle le soit aussi.

4. Le webtoon est un format propre, avec ses contraintes narratives

Un webtoon est généralement sous forme de série. On doit pouvoir saisir l’ambiance et les enjeux dès le premier épisode (on y reviendra) ; il faut également prévoir un « point d’accroche » à la fin de chaque épisode, qui est souvent un cliffhanger.

Au-delà de ça, j’ai mené ma petite enquête chez les lecteurs de Webtoon Canvas (qui est la branche « amateur » de Webtoon France) :

  • Ils lisent beaucoup de webtoons en même temps
  • Ils se découragent assez vite lorsque l’histoire d’un Canvas est complexe.

En Canvas, on a souvent un rythme de publication plus lent (moins d’une fois par semaine), voire irrégulier. De plus, il y a beaucoup de Webtoon Canvas qui sortent chaque jour. Votre webtoon peut donc se perdre dans la masse…

Mon conseil : Mise sur une histoire simple (attention : simple ne veut pas dire stupide) et sur une façon d’accrocher le lecteur dès le départ : tape vite et fort, avec un concept attractif et identifiable rapidement ! Et n’oublie pas le point d’accroche à chaque fin d’épisode !

(Sur les premiers épisodes, OMUN est clairement un contre-exemple, et j’en paye encore le prix. Ne fais pas comme moi !)

5. Les premiers épisodes sont déterminants

Sur l’application Webtoon France, on propose automatiquement à tes lecteurs de s’abonner à ta série s’ils ont lu au moins deux épisodes d’affilée.

Mon conseil : Globalement, les trois premiers épisodes de ton histoire sont extrêmement importants, comme le pilote d’une série ! Tu dois y avoir posé l’enjeu global, la dynamique des interactions entre les personnages, et ce qui fait l’ambiance de ta série.  Et poste les trois premiers épisodes de ta série d’un coup pour exploiter au maximum le fonctionnement de l’application !

6. L’affluence sur Webtoon France dépend de l’heure de sortie des séries en Original

Tous les jours à 16h, sortent des épisodes de webtoon en catégorie « original ». C’est le rendez-vous des lecteurs. Une fois la lecture de leurs épisodes favoris terminée, ils se tournent vers les webtoon en Canvas.

En sortant ton épisode dans le créneau de 16h, tu peux toucher plus de lecteurs.

Attention toutefois : si beaucoup de créateurs Canvas sortent aussi leur épisode ce jour-là, tu risques d’être noyé dans la masse.

7. Bien choisir le ratio : fréquence de publication / longueur des épisodes.

Si tu travailles seul sur ton webtoon, il est impossible de faire :

  • Des publications fréquentes
  • Des épisodes longs
  • Des épisodes avec une forte qualité de dessin

Si tu y parviens, je veux bien ta recette. Quoique, ça tiendra probablement de la magie noire… Ok, finalement je préfère ne pas savoir.

Je me répète, mais publier un webtoon est un marathon, pas un sprint. Calibre la longueur de tes épisodes selon la fréquence de publication que tu es prêt à respecter.

Attention au rythme à l’intérieur de tes épisodes : garde en tête qu’il faut maintenir l’intérêt du spectateur à la fin de l’épisode pour lui donner envie d’être au rendez-vous à la prochaine sortie. Le « découpage » d’une histoire en épisodes n’est pas à négliger.

8. Prévoir des « points d’accroche » visuels

Apprends à savoir placer ton énergie. On dirait un conseil un peu pourri de shōnen…

Quand les lecteurs défilent un webtoon, ils passent peu de temps sur chaque case, ça va très vite.

Mon conseil : Pas besoin de faire dans le détail ! Ton style graphique doit être simple et efficace. En revanche, au storyboard, identifie 3 cases impactantes dans ton épisode (de préférence au tout début, au milieu, et à la toute fin) et concentre tes  efforts dessus. Bien sûr, choisis-les en accord avec le rythme de l’épisode : toute la mise en scène doit être calibrée pour que les lecteurs s’attardent sur ces cases.

Créer un webtoon c

9. Le texte fait partie de ton œuvre

Beaucoup de créateurs (moi y compris) commencent en se disant :

« Bof, la bulle, la police d’écriture, la qualité du texte, on s’en ficherait pas un peu ? Le plus important, ce sont les dessins, non ? »

Malheureux ! Personne n’a envie de manger un plat gastronomique avec une fourchette en plastique !

Le texte, le design de la bulle, la police, sont des éléments qui subliment et mettent en valeur ton travail.

Mes conseils : Si possible, vectorise tes bulles. Plus qu’à copier-coller et ajuster la taille à chaque dialogue !

Attention à réfléchir au placement des bulles dès le storyboard.

Choisis une police adaptée au mood « comics » (j’ai beaucoup entendu parler de Anime Ace, c’est vrai que je la trouve sympa, bien que ce ne soit pas celle que j’utilise).

Fais corriger tes fautes, mille sabords !  Je n’ai pas trop de problèmes avec l’orthographe mais j’utilise régulièrement Cordial en ligne : efficace, gratuit, pédagogique. Je copie-colle tous les dialogues de l’épisode dedans et je lance la correction.  Parce que parfois, je suis fatiguée, et une faute d’inattention est vite arrivée.

10. A-MU-SE-TOI.

C’est un ordre, oui oui.

Retiens que faire un webtoon, c’est beaucoup de travail.  Beaucoup de doutes. Beaucoup d’erreurs. Beaucoup de pression si ton objectif est de te faire éditer.

Tu vas recevoir des commentaires négatifs, comme n’importe qui sur internet.

Des haters vont venir descendre la note de ton webtoon.

Parfois, des gens vont s’abonner en masse. D’autres fois, tu sortiras un épisode, et des lecteurs se désabonneront en masse.

Parfois, tu auras un super pic de visibilité. Pendant quelques jours, tous les soirs, tu te connecteras et constateras que ton volume de lecteurs abonnés aura encore gonflé, et tu seras content. Puis tout cela s’arrêtera au bout de quelques temps, mais tu auras pris l’habitude de te connecter tous les jours. Commencera alors une sorte de descente aux enfers où tu seras obnubilé par des chiffres qui stagnent.

Si tu te lances dans la création d’un webtoon, fais ce que tu veux des autres points de cette liste, mais de celui-ci dépend ta survie, alors voici mon conseil :

  • Amuse-toi dans ta passion : n’oublie jamais que tu le fais d’abord pour toi, car le monde te donnera mille raisons d’abandonner.
  • Amuse-toi dans ta création : ne te dis pas que tu ne sais pas raconter ou dessiner. Essaye, et fais ce que tu as envie de faire. Teste ce que tu as envie de tester. Et parce que ce qui vient de toi aura toujours plus de valeur qu’une pâle copie, ne trace pas les dessins des autres pour les placer dans ton propre webtoon. On le repère immédiatement, et ça ne te rendra pas fier de ton travail.
  • Amuse-toi avec légèreté : ton objectif est important, et tu cherches probablement de la visibilité, voire à te faire éditer. Attention au temps que tu passeras sur tes chiffres. Analyse-les, surveille-les, tires-en des conclusions nécessaires à tes objectifs, bien sûr. Mais ce ne sont que des chiffres. Si quelque chose ne va pas, n’oublie pas que tu as la possibilité de mettre ton webtoon en pause, de l’arrêter, d’en commencer un autre… Et même sans aller jusque-là, pense à souffler un peu, à relever la tête, prendre du recul, ne pas faire tes cases quand tu n’en as pas envie (je t’avais dit que ce stock d’épisodes d’avance te servirait…)

N’oublie pas pourquoi tu aimes faire ça.

N’oublie pas de t’amuser.

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