Cette histoire est extraite du récit : Fragments, qui n’est pas encore paru sur le Café.

Ce récit se déroule dans le même univers que « Proie » et « Rituel » toutes deux accessibles en stories à la une sur Instagram.

Le début du textober du jour est à retrouver au jour 3 : Bait.

– Les êtres humains sont des choses si fascinantes.

– Que veux-tu dire par là ? N’en es-tu pas une… Une humaine ?

Elle releva ses cheveux vers l’arrière. Certaines de ses mèches, ivoires, scintillaient, comme des éclats de diamant dans un bloc de graphite. Ses yeux brillaient d’un éclat étrange, ardent.

– Moi… Réfléchit-elle. Je suis un fragment de toi. Et toi, tu es un fragment de quelque chose de bien plus grand.

 

Sursaut.

Réveil.

Möa avala goulûment une gorgée d’air, comme si, tout ce temps, elle avait été sous apnée.

– Doucement, doucement ! S’écria la femme assise à son chevet.

L’adolescente, inquiète, la dévisagea d’un air suspicieux.

Son teint bruni par le soleil laissait deviner qu’elle venait des contrées du Sud. Elle était enveloppée dans une longue cape noire dont la capuche se confondait avec ses cheveux. Elle avait posé une main apaisante sur l’épaule de Möa, et son avant-bras, recouvert de bandages, émergeait sous l’étoffe sombre.

– Qui êtes-vous ? où est Moebius ?

– Doucement, doucement, reprit la femme. Regarde…

Möa baissa les yeux. Elle se rendit compte qu’un tissu rêche était noué à son épaule droite. Il soutenait son bras, lui aussi recouvert de bandelettes. Elle sentait une attelle.

– Fais très attention, avertit la femme. En lançant ce sort très puissant, tu as dégagé plus d’énergie que ton corps n’était apte à en supporter. L’os a cassé, mais rien de grave, à condition que tu te reposes un peu.

– Moebius ? Le Joyau ?

– Qui est Moebius ? Demanda doucement la femme.

Ses yeux brillaient d’un éclat étrange.

– C’est un chevalier. Il était de garde avec moi, dans la tour. Il y avait également une énorme pierre précieuse taillée. Vous n’avez pas pu la manquer.

En parlant, Möa avait commencé à observer autour d’elle, cherchant des repères rassurants.

Elle n’était plus à la Tour, mais dans une chambre d’auberge. Isius, peut-être ? Ou éventuellement Ceylor, à l’Est…

– Ma chérie, soupira la femme, nous n’avons trouvé que toi…Pas de Moebius, ni de Joyau…

Möa voulut se lever, en panique.

– Les décombres… les décombres !

– Chhht… Mon ami est resté là-bas, avec des gens du coin, vérifier s’il n’y aurait pas de blessés à secourir. Si ton chevalier y est, ils vont forcément le trouver.

– Et s’il… et s’il…

Möa peinait à respirer. Elle avait beau ouvrir grand la bouche, sa gorge se serrait ; elle suffoquait ; son bras gauche s’éveilla brusquement. Elle eut l’impression qu’il était en miettes, et que chaque débris était transpercé de milliers d’aiguilles.

Elle allait hurler lorsque le regard de la femme disparut dans l’ombre de sa capuche.

Elle leva la main, la posa dans les cheveux de Möa, les caressa avec une infinie douceur, en expirant lentement.

L’âme troublée de la jeune fille se calma immédiatement. La tempête dans son cœur s’évanouit automatiquement.

L’espace d’un instant, elle ne fut que sérénité.

La femme enleva sa main. Elle transpirait, sourit faiblement. Möa s’était calmée.

– Qui… Qui êtes-vous ? murmura la jeune Mage, fascinée.

Les yeux de la femme avaient retrouvé une teinte normale.

– Je suis… je suis comme toi, Möa.

Lire le textober de la veille : Jour 18 – Misfit