Cette histoire est extraite du récit : Fragments, qui n’est pas encore paru sur le Café.
Ce récit se déroule dans le même univers que « Proie » et « Rituel » toutes deux accessibles en stories à la une sur Instagram.
Le textober du jour est la suite du jour 3 : Bait. À lire en premier si ce n’est déjà fait !
Un premier choc.
Puis un deuxième.
Un troisième.
– Ça y est, ils attaquent, murmura gravement Moebius.
Möa ne répondit pas ; elle sentait ses jambes défaillir. Ce n’était vraiment pas le moment…
Le chevalier, plus calme, étudiait la pièce. Peut-être tentait-il d’anticiper les mouvements des Obscudors.
– Möa, se décida-t-il brusquement, voilà ce qu’on va faire.
Tétanisée, la jeune fille ne lui répondit pas. Moebius se précipita sur elle, attrapa ses épaules avec vigueur mais sans violence.
Ce geste eut l’effet d’une décharge électrique : l’adolescente émergea.
– Möa. Tu restes avec moi. Tu t’accroches. On va s’en sortir.
Elle acquiesça mollement, distraite.
Quelque chose.
Quelque chose venait de se produire… Imperceptible mais bien réel, comme une fissure invisible.
– Möa, tu restes près du Joyau. Calibre tes attaques, économise-les, aussi. On reste concentré, on reste calme, on la joue tactique. C’est compris ?
– C…compris.
Elle se mit en position avec l’assurance d’un faon nouveau-né, chancelant sur ses pattes.
Moebius se redressa, dégaina son arc. Le chevalier avait beau être plus élancé que costaud, une puissante énergie se dégageait de son attitude. Obstiné, il avait renoncé à la fuite. Sa volonté était telle qu’elle galvanisa Möa.
A moins que ce ne soit…
Dehors, les vibrations cessèrent.
– Ils ont changé leurs plans, souffla Moebius. Ils arrivent.
De petits coups secs résonnèrent sur la paroi, à l’extérieur. De plus en plus proches. De mieux en mieux perceptibles.
À peine la tête du premier Obscudor apparut-elle par la meurtrière, ombre noire engloutissant la lueur de la lune, qu’elle s’évanouit aussitôt, une flèche fichée dans le front. Plus bas, des hurlements : le corps sans vie avait entraîné des compagnons dans sa chute.
Pas le temps de se réjouir ; la seconde d’après, les monstres déferlaient dans la salle du Joyau.
Möa se raidit ; la peur affectait ses sens.
Tandis qu’il lâchait son arc, Moebius se tourna vers elle une fraction de seconde ; son regard transperça l’obscurité jusqu’à l’adolescente. Sa résignation et sa détermination lui firent l’effet d’un coup de fouet.
Elle posa ses mains sur la Pierre, aux aguets. C’était encore trop tôt ; il fallait attendre.
Le chevalier s’était déjà débarrassé du premier Obscudor ; avait assommé le deuxième ; fondait sur les autres.
Celui qui se faufile sur le champ de bataille.
Il fit tournoyer son épée, érafla le troisième, entailla le quatrième, enfonça sa lame dans la poitrine du cinquième.
Celui qui se faufile dans les coeurs.
Il fit volte-face vers sa comparse, à l’affût ; il pâlit immédiatement.
Möa sentit la masse crasseuse et puante qui s’approchait dans son angle mort, une fraction de seconde trop tard. L’Obscudor la souleva sans aucune difficulté.
Elle n’allait pas se laisser faire. Tandis que la chose immonde la chargeait sur son dos, elle eut le réflexe d’effleurer le Joyau, l’invoquant de toutes ses forces. La lumière qui en jaillit suffit tout juste à étourdir le monstre, qui la lâcha.
Moebius arriva à temps pour charger la bête, tandis que Möa, effondrée et en sueur, luttait contre la nausée.
L’ennemi affluait, toujours plus nombreux. Les deux combattants revenaient sans cesse à la charge, toujours plus obstinés, toujours plus désespérés.
À plusieurs reprises, la jeune fille eut recours à la Pierre ; et chaque fois, son intervention fut trop faible pour être déterminante.
Moebius, qui tentait de compenser, fut vite à bout de forces.
– C’est la fin, murmura Möa, affolée.
Au même instant, suite aux coups répétés des monstres, la passerelle se fissura, trembla, céda.
[À suivre]
La suite de ce textober est sortie le 9 Octobre ! Lisez-la ici.
Lire le textober de la veille : Jour 7 – Enchanted